Appréciation du risque et protection
Une croissance toujours élevée en 2016
En 2016, la croissance du Cambodge devrait rester forte. Le pays devrait bénéficier de la stabilisation de la situation politique et sociale. Le retour au calme devrait soutenir les investissements directs étrangers, le tourisme ainsi que la production industrielle qui a été perturbée par les grèves en 2015. Le secteur touristique continuera quant à lui à bénéficier de l’essor des services de jeux. Néanmoins, les investissements resteront contraints par les lacunes du pays en termes d’infrastructures notamment énergétiques et des carences dans le système éducatif. Le secteur agricole, qui emploie les deux tiers de la population active, souffrira de la baisse du prix des matières premières. De plus, le secteur textile, qui représente plus de 75 % des exportations, fait face à de nombreux défis. Il est fragilisé par les différentes hausses du salaire minimum, la concurrence des autres pays à bas coûts tels que le Myanmar et l’alignement de la devise sur le dollar américain affecte la compétitivité-prix des exportations cambodgiennes dans un contexte d’appréciation du dollar. Néanmoins, la présence de syndicats et la coopération avec le Bureau International du Travail ont permis au pays d’améliorer les conditions de travail du secteur textile et le Cambodge bénéficie d’une image positive.
De plus, la progression rapide du secteur de la construction continuera de soutenir la croissance. De plus, la consommation des ménages devrait rester soutenue et elle bénéficiera de la hausse du salaire minimum et du faible niveau de l’inflation.
Le solde courant reste déficitaire et le pays dépendant de l’aide extérieure
En 2016, la balance commerciale du pays restera déficitaire, la valeur des importations de biens d’équipement et de produits pétroliers restant importantes malgré la baisse du prix du pétrole. Le niveau élevé de l’aide internationale et les transferts de revenus des travailleurs expatriés compenseront les rapatriements de dividendes des sociétés étrangères, prépondérantes dans le secteur du textile. Les IDE sont en progression constante et permettent de financer le déficit courant.
S’agissant des comptes publics, le déficit budgétaire devrait se dégrader, le pays souffrant de lacunes dans la collecte de l’impôt. Néanmoins, le gouvernement a mis en place une politique de consolidation budgétaire et les comptes publics bénéficient du dynamisme de l’économie. Dans ce contexte, la dette publique devrait se stabiliser. Néanmoins, les finances publiques resteront fortement dépendantes de l’aide extérieure (17 % des recettes soit près de 3 % du PIB).
Par ailleurs, la croissance du crédit est rapide et le secteur bancaire reste fragile en raison d’une supervision lacunaire. Dans le même temps, l’économie dans son ensemble est très dollarisée et les dépôts en devises représentent la quasi-totalité des dépôts. Ainsi, les banques sont fortement exposées au risque de change.
Retour au calme fragile sur la scène politique
Lors des élections législatives de juillet 2013, le Parti du Peuple Cambodgien (PCC) dirigé par le premier ministre Hun Sen a vu son nombre de sièges fortement reculer et le Parti du Sauvetage National du Cambodge (PCNC) a contesté les élections et refusé de siéger au parlement pendent près d’un an. L’opposition bénéficie de la lassitude à l’égard de Hun Sen et des tensions sociales importantes, concernant les expropriations abusives et les conditions de travail dans le secteur textile. Le pays a ainsi fait face à des manifestations de grande ampleur, fortement réprimées par le pouvoir en place.
En juillet 2014, un accord fragile a été trouvé entre le PCC et PCNC et les candidats de l’opposition siègent depuis lors au parlement. Cet accord prévoyait notamment l’attribution de la place de vice-président du parlement à un député du PCNC et un engagement du gouvernement à lutter contre la corruption endémique mais les oppositions entre le gouvernement et l’opposition sont fréquentes. Sans consulter l’opposition, le premier ministre a décidé de reporter de cinq mois les élections de 2018. Néanmoins, les deux partis sont parvenus à un accord sur les modifications à apporter à la loi électorale.
Par ailleurs, bien que les syndicats ne soit pas unis, de nouvelles manifestations pourraient avoir lieu, l’augmentation du salaire minimum pour 2016 étant inférieure à leurs attentes.
Enfin, l’environnement des affaires reste marqué par un manque de transparence, une forte instabilité juridique et un niveau élevé de corruption.
Source : COFACE