Une croissance très dynamique
La croissance restera très soutenue en 2016. L’activité économique devrait profiter de la poursuite de la transition démocratique permise par les élections de novembre 2015. Le pays bénéficie aussi du dynamisme des secteurs du gaz, des télécommunications et des biens de consommation. Par ailleurs, le développement du secteur touristique devrait se poursuivre malgré l’insuffisance de l’offre hôtelière et permettra de soutenir le secteur de la construction. Le pays enregistre un afflux d’investissements étrangers permis par l’ouverture croissante du pays. Néanmoins, malgré le développement de zones économiques spéciales, le pays souffre toujours d’importantes carences en infrastructures, notamment électriques, qui pèsent sur la capacité de production du pays. De plus, la productivité est faible et la main d’œuvre peu qualifiée. Même si le secteur bancaire reste sous-développé, le pays enregistre une croissance rapide du crédit qui devrait soutenir les dépenses de consommation et l’investissement.
Bien que le niveau de pauvreté soit encore très élevé, la consommation privée, qui représente 80% du PIB, continuera d’alimenter la croissance et les investissements étrangers dans le secteur agroalimentaire. Elle sera également soutenue par la hausse des dépenses sociales et la mise en place d’un salaire minimum en septembre 2015. Néanmoins, l’inflation restera élevée en raison des politiques économiques accommodantes et de la croissance rapide des prix des logements, de l’électricité et de l’alimentation.
Déficits jumeaux mais croissance des IDE
Après avoir fortement augmenté en 2015, le déficit budgétaire devrait se stabiliser en 2016. Le gouvernement augmente les dépenses sociales (éducation, santé) et fait face à une contrainte sur ses revenus en raison de la baisse du prix du gaz naturel. Néanmoins, des réformes ont permis de faire progresser les recettes budgétaires. Par ailleurs, la dette publique a bénéficié d’une annulation et d’un rééchelonnement des arriérés en Club de Paris permettant au pays de bénéficier à nouveau de prêts concessionnels pour financer le développement de ses infrastructures. Ainsi, la dette publique apparaît soutenable.
Du côté des comptes extérieurs, le déficit courant devrait se stabiliser en 2016. En dépit de la progression des exportations, le pays affiche un déficit commercial alimenté par d’importantes importations liées aux projets d’investissement mais également induites par une consommation soutenue. Celui-ci est néanmoins partiellement compensé par des flux d’IDE en hausse. Dans ce contexte, les réserves de changes resteront à un niveau convenable.
Un nouveau pas vers la démocratie mais les tensions interethniques restent vives
Au niveau politique, le pays a connu un processus de libéralisation sans précédent. Les élections législatives de novembre 2010, qui ont mis fin à l’exercice du pouvoir par la junte militaire et permis l’arrivée du Président Thein Sein, ont ouvert la voie à un processus de réformes dès l’été 2011. Des élections législatives partielles se sont tenues en avril 2012, les premières auxquelles participait l’opposition dans son ensemble depuis celles de 1990. La Ligue Nationale pour la démocratie (LND) a remporté 43 des 45 sièges en jeu, permettant à Aung San Su Kyi, leader de la LND, de devenir député. Lors des très attendues élections générales du 8 novembre 2015, la LND a remporté plus de 80% des voix. Elle bénéficiera ainsi de la majorité absolue au Parlement, bien que 25% des sièges restent encore réservés aux membres de la junte. Plusieurs généraux et membres du parti de l’armée ont reconnu la victoire de la LND et promis une transition pacifique du pouvoir. Ainsi, le parlement devrait désigner un gouvernement et un président issus des rangs du parti d’Aung San Su Kyi. Néanmoins, celle-ci ne pourra pas être nommée présidente, la Constitution interdisant l’accès à cette fonction à une personne ayant un lien de parenté avec un étranger.
Le processus d’ouverture a permis la levée de la majeure partie des sanctions imposées par les Etats-Unis en 2012 et 2013 : suspension de l’interdiction de visa qui frappait les dirigeants birmans, levée des restrictions sur les aides financières et de l’interdiction américaine sur les importations de produits birmans. L’UE a également supprimé ses sanctions en avril 2013. Toutefois, les relations de Naypyidaw avec les pays occidentaux pourraient pâtir de la persistance des tensions interethniques et religieuses entre majorité bouddhiste et minorité musulmane dans l’Etat du Rakhine. Néanmoins, un cessez-le feu a été signé en octobre 2015 entre le gouvernement et 8 des 15 groupes armés.
Enfin, l’environnement des affaires reste précaire et le Myanmar est l’un des pays le plus mal classé au monde en ce qui concerne la qualité de la gouvernance.
Source : COFACE