Appréciation du risque et protection
La croissance devrait rester dynamique mais les troubles politiques et sociaux récents continueront de pénaliser l’investissement
L’activité est restée soutenue au cours de l’année fiscale 2015 mais les troubles politiques et sociaux survenus à partir de janvier ont, de nouveau, perturbé la vie économique du pays. En effet, le 5 janvier 2015, date anniversaire des élections législatives contestées de 2014, l’opposition a appelé à un blocus des transports. Cela a ralenti les transferts de biens et renchéri le coût des transports. Bien qu’il ait été levé au mois d’avril, la confiance des investisseurs a été affectée. En 2016, les investissements privés resteront contraints par les incertitudes sur la stabilité sociale et politique du pays. Néanmoins, le pays bénéficiera d’un investissement important d’une société canadienne dans le secteur photovoltaïque. Ce projet permettra, en outre, de développer la capacité électrique du pays, régulièrement touché par des coupures de courant. Plusieurs projets d’infrastructures publics devraient également être mis en place.
Par ailleurs, la consommation des ménages, principale composante du PIB, devrait rester dynamique. Les transferts des expatriés continueront à soutenir la demande tout comme le secteur agricole qui emploie la moitié de la population active.
Néanmoins, les exportations de produits textiles devraient souffrir de l’atonie de la demande mondiale et de la dégradation de la compétitivité-prix. Par ailleurs, après avoir suspendu son système de préférence généralisé avec le Bangladesh, à la suite de l’effondrement du Rana Plazza en avril 2013, les Etats-Unis viennent de confirmer son non-renouvellement. En dépit des efforts réalisés par le Bangladesh, les améliorations apportées aux conditions de travail des employés du secteur textile apparaissent insuffisantes.
Enfin, l’inflation devrait rester élevée en 2016. La relative maitrise des prix des produits alimentaires et la modération du cours pétrole permettront, néanmoins, de contenir la hausse des prix.
Renforcement de la position extérieure
Le budget 2015-2016 prévoit d’importantes dépenses et repose sur des hypothèses ambitieuses en termes de croissance de l’activité et de revenus. Ce budget priorise les dépenses en faveur de l’éducation et des infrastructures. Néanmoins, il ne prévoit pas de mesures visant à élargir l’assiette fiscale. Ainsi, le déficit et la dette publique devraient légèrement se dégrader en 2016 tout en restant à des niveaux modérés.
S’agissant des comptes extérieurs, le solde courant devrait se redresser en 2016 en dépit des contraintes pesant sur les exportations. En effet, la baisse du prix pétrole permet de réduire la facture énergétique du pays. De plus, les transferts des travailleurs expatriés devraient se stabiliser.
En 2015, les réserves de change ont continué à progresser, reflétant l’intervention de la banque centrale pour limiter l’appréciation de la devise face à l’euro. Celles-ci ont été multipliées par 3 depuis novembre 2011 et sont désormais à un niveau jugé satisfaisant (plus de 5 mois d’importations). La capacité de résistance du pays en cas de sorties brutales de capitaux s’est ainsi nettement améliorée.
Le programme FMI dont a bénéficié le pays en 2012 à la suite de la crise de la balance des paiements était conditionné à la mise en place d’une réforme du système bancaire. Celui-ci pâtit, en effet, d’une gestion aléatoire des risques et d’un manque de supervision. Des mesures sont actuellement mises en place pour renforcer la gouvernance et améliorer la gestion du risque.
Un apaisement politique fragile
Les élections législatives de janvier 2014 se sont déroulées dans un climat de fortes violences. Le Bangladesh Nationalist Party (BNP) – parti d’opposition – a boycotté les élections étant en désaccord avec le processus électoral. Le parti au pouvoir (la ligue Awami) a été réélu dans des conditions largement contestées. La situation est revenue au calme au cours de l’année 2014 avant que BNP appelle à des élections anticipées, la ligue Awami refusant tout dialogue. Le 5 janvier 2015, date anniversaire des élections législatives de 2014, le BNP a appelé à un blocus des transports du pays jusqu’à l’obtention d’élections anticipées. Ce blocus s’est accompagné de violents affrontements avec les forces de l’ordre. Des milliers d’opposants ont été arrêtés parmi lesquels les principaux leaders du BNP. Les violences ont fait plus de 120 morts et ont perduré jusqu’en avril. L’opposition a mis fin aux grèves et au blocus mais accuse la ligue Awami de vouloir transformer le Bangladesh en un pays à parti unique. De son côté, le gouvernement considère que l’opposition mène des actes de terrorisme. L’enlisement de la situation et une reprise des violences sont à craindre. Néanmoins, la ligue Awami et le gouvernement bénéficient du soutien de l’opinion publique d’après un sondage réalisé entre mai et juin 2015.
Source : COFACE