L’archipel sahélien voit croître le tourisme, arriver les usines européennes délocalisées : autant de touristes et d’expatriés dont il faudra couvrir les besoins de santé aux standards internationaux.
Pour José Da Rosa, délégué général de la santé à Praïa, le Cap Vert bouge, change. «Les hôpitaux dépendent du Ministère, et la direction de la santé se préoccupe de soins primaires, de prévention. Nous traitons de paludisme, de diarrhées, nous avons ici un laboratoire de référence. Nous venons d’ouvrir 5 nouveaux centres de santé à Praïa, avec un médecin 24 h sur 24».
Mais des soins primaires de pédiatrie, d’obstétrique, de médecine préventive, le Cap Vert doit passer à la vitesse supérieure. Il manque des ambulances, des avions sanitaires, et il n’y a plus d’hélicoptère. Avec les visiteurs d’International SOS, une firme d’assistance médicale spécialisée dans les expatriés professionnels (Bouygues, Total, Areva, Exxon Mobil), nous visitons l’hôpital de Praïa.
Curieux mélange de médecine à l’ancienne, avec des salles communes fatiguées, des pavillons séparés, des consultations bondées, et puis un service de radiologie entièrement équipé de tables de numérisation comme il en existe peu dans les hôpitaux européens, d’un scanner, d’un mammographe tout neuf, et d’un appareil performant d’échocardiographie.
Voici, tout en longueur, une vraie réanimation médicale de 12 lits, équipée de matériel de surveillance, de ventilateurs modernes. Il y a une banque du sang qui recherche le VIH, les hépatites A, B et C, un laboratoire qui peut détecter la charge virale des patients sidéens, compter le nombre de lymphocytes CD4 et même doser les marqueurs tumoraux pour la surveillance des cancers. 77 médecins se relaient, dont 12 cubains, 9 chinois, 1 soviétique et un égyptien au chevet des malades. Une salle d’hémodialyse performante permet des séances de rein artificiel. Tous les couloirs rutilent de propreté, et des chirurgiens orthopédistes et traumatologues peuvent opérer les blessés et accidentés graves.
A quelques minutes de l’hôpital Agostino Neto, nous visitons la clinique privée du Dr. Bernandino. Le radiologue de l’hôpital, le médecin militaire de l’Ambassade de France, et plusieurs collègues hospitaliers y dispensent dans une atmosphère plus luxueuse, des soins de chirurgie, des accouchements, des coloscopies. On opère des appendicites, des hernies dans un bloc moderne avec une anesthésiste cubaine. Seul bémol: le tuyau d’alimentation du ventilateur en protoxyde d’azote est maintenu par deux colliers vissés. Fuites et erreurs de branchements dangereux à craindre !