VIIe siècle av. J.-C. : L’histoire de l’Ukraine débute dans le grondement des sabots de chevaux : les Scythes s’installent dans les steppes du nord de la mer Noire, marquant le début d’une période de domination politique et culturelle qui durera des siècles. On trouve encore aujourd’hui des traces de cette culture dans les grottes des monastères de Kiev où les tombes renferment de superbes pièces d’orfèvrerie représentant des formes humaines et animales très détaillées. Le territoire ukrainien connaîtra ensuite les invasions successives de plusieurs peuplades, notamment les Ostrogoths, les Huns et les Khazars turco-iraniens.
IXe siècle : Les Scandinaves sont les premiers à unifier véritablement le territoire, qui prend le nom de Rous, et à imposer leur contrôle sur une longue période. En 878, la Rous prend Kiev et à la fin du Xe siècle, la ville se retrouve au centre d’un territoire unifié dénommé Rous de Kiev qui s’étend de la Volga au Danube et jusqu’à la mer Baltique au nord. En 988, Volodymyr (Vladimir) Ier, souverain de la Rous de Kiev, se convertit au christianisme sous l’influence de Constantinople, marquant ainsi le début d’une longue période d’influence byzantine sur la politique et la culture ukrainienne. En 1520, l’Empire ottoman contrôle la totalité des côtes de l’Ukraine.
XVe siècle : En grande partie désertées à cause des guerres et de la peste, les steppes ukrainiennes deviennent siècle un lieu de refuge pour les serfs et les orthodoxes fuyant les territoires voisins. Connus sous le nom de Cosaques (ou kazaks, un mot turc servant aussi bien à désigner des aventuriers que des hors-la-loi ou des flibustiers) ils en viennent à former un État qui, bien qu’officiellement sous contrôle polonais puis russe, reste géré de façon autonome. Il ne faudra toutefois pas plus de vingt ans pour que le territoire soit divisé entre la Pologne et la Russie.
XIXe siècle : Les années 1840 voient fleurir un fort courant de nationalisme qui conduit les autorités russes à interdire la langue ukrainienne dans les écoles, les journaux et la littérature. A la suite de la première guerre mondiale et de la chute du régime tsariste, l’Ukraine entrevoit une chance de gagner son indépendance mais aucun des mouvements politiques en présence n’obtient de soutien suffisant pour l’emporter sur les autres. S’ensuit une guerre civile qui plonge le pays dans l’anarchie : six camps différents se battent pour le contrôle du pays et Kiev change de mains cinq fois en un an. Après de longs combats entre la Russie, la Pologne et plusieurs groupes ethniques ou politiques ukrainiens, le pays est finalement divisé en deux : une partie de l’Ouest devient polonaise tandis que le reste du pays revient à la Russie pour être finalement rattachée à l’Union soviétique en 1922.
Années 1920-1940 : Tandis que la suprématie de Moscou s’affirme chaque jour un peu plus, une nouvelle vague de nationalisme voit le jour en Ukraine. En 1927, Staline accède au pouvoir, bien décidé à en finir avec ces « nuisances » nationalistes. Les exécutions et les déportations d’intellectuels orchestrées sous son régime ne font qu’accentuer le dépeuplement du pays engendré par la grande famine (holodomor) qui, en 1932-1933, fait plus de sept millions de morts. En outre, Staline s’attaque aux symboles religieux que sont les églises et les cathédrales en détruisant plus de 250 édifices. Durant les purges de 1937-1939, plusieurs millions d’Ukrainiens sont exécutés ou envoyés vers des camps de travail soviétiques. Bien entendu, la guerre ne met pas un terme à ces souffrances et ce sont six millions d’hommes qui périssent dans les combats opposant l’Armée rouge aux forces allemandes. On estime que, dans la première moitié du XXe siècle, la guerre, la famine et les purges ont coûté la vie à la moitié des hommes et au quart des femmes d’Ukraine.
1986 : L’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl et la réaction très tardive des autorités soviétiques provoquent une vague de mécontentement qui dépasse les frontières ukrainiennes. Trois ans plus tard, l’église catholique de rite grec (Uniate) sort de son isolement en étant officiellement reconnue par le pouvoir soviétique.
1990 : Le Mouvement National d’Ukraine (Roukh), branche politique d’un mouvement nationaliste initié à Kiev par des écrivains et des intellectuels de renom, gagne plusieurs sièges lors des élections. En juillet, le parlement adopte une déclaration sur la souveraineté politique (et non la sécession) de l’Ukraine, qui ne fait pas grand bruit. En août 1991, peu de temps après le coup d’État manqué des conservateurs en Russie, le parti communiste ukrainien (CPU) est interdit et, en décembre, la population vote en masse en faveur de l’indépendance.
1991 : Anciennement à la tête du CPU, Léonid Kravchouk est le premier président d’Ukraine a être élu. Toutefois, les dissensions entraînent la démission du gouvernement en septembre 1992 et des désaccords apparaissent entre la Russie et l’Ukraine au sujet d’armes nucléaires dissimulées et du contrôle de la flotte de la mer Noire (amarrée dans le port de Sébastopol, en Crimée). Pendant ce temps, l’inflation galopante, les pénuries de carburant et l’effondrement du pouvoir d’achat minent le pays et exacerbent les différences entre groupes ethniques et régionaux.
1994 : Le réformateur pro-russe Léonid Koutchma bat Léonid Kravchouk à l’élection présidentielle. Lors des élections législatives de la même année, le CPU profite du désordre politique et économique pour remporter la majorité des sièges.
Fin des années 1990 : De nouvelles tensions voient le jour entre la Russie et l’Ukraine à propos du rapprochement de cette dernière avec l’OTAN.
2001 : Le renvoi du Premier ministre Victor Iouchtchenko marque un tournant inquiétant pour la stabilité politique du pays.
2002 : En juillet, au cours d’un meeting aérien à Lviv, un avion militaire s’écrase sur la foule, faisant plus de 80 victimes. Au-delà de la tragédie, cet accident symbolise l’état de délabrement des équipements militaires du pays. En septembre, à l’occasion du 2e anniversaire de la disparition d’un journaliste qui dénonçait la corruption du pouvoir présidentiel, près de 15 000 personnes défilent pour réclamer la démission du président. Pendant ce temps, Kiev revendique un statut d’état associé auprès de l’Union européenne.
2004 : En décembre, dans un climat de manifestation populaire et pacifique, l’élection frauduleuse du premier ministre sortant soutenu par Moscou, Viktor Ianoukovitch, est annulée par la Cour suprême. Viktor Iouchtchenko, leader de la “révolution orange” et pro-européen, devient président de la république d’Ukraine.
2005 : En septembre, le président limoge le gouvernement de Ioula Timochenko et nomme à sa place Iouri Ekhanourov.
2006 : Le 1er janvier, la Russie coupe le gaz à l’Ukraine. Kiev soupçonne que leur voisin veut les punir de s’ouvrir à l’Europe. Moscou affirme qu’elle ne veut qu’être payée le prix juste – soit près de cinq fois le tarif auparavant pratiqué. La coalition parlementaire “orange” éclate le 7 juillet, après la défection surprise du socialiste Olexandre Moroz. Le 24 octobre, Moscou et Kiev s’accordent sur le prix du gaz livré à l’Ukraine en 2007, éloignant le risque d’une nouvelle « guerre du gaz ». En août de la même année, le parlement ukrainien nomme Viktor Ianoukovitch au poste de Premier ministre.
2007 : Une centaine de personnes meurent dans le pire accident minier de l’histoire de l’Ukraine. La catastrophe de Zasyadko, à l’est de Donetsk, met en évidence les problèmes de sécurité de toutes les mines de charbon vieillissantes du pays. Les élections législatives sont remportées par Ioulia Timochenko qui redevient Premier ministre.
2008 : En mai, l’Ukraine adhère à l’OMC. Dans le même temps, éclate une nouvelle crise politique : les “orangistes” perdent la majorité au Parlement. En décembre, une coalition pro-occidentale à trois voit le jour, mais la crise politique est loin d’être réglée, d’autant qu’elle est exacerbée d’une part par de nouvelles menaces venant de Russie concernant d’éventuelles coupures de gaz, et d’autre part par la crise économique mondiale qui frappe de plein fouet l’Ukraine.
2010 : Viktor Yanukovych est élu président de la République, après un scrutin serré. Il devance Ioulia Tymochenko, qu’il invite à démissionner de son poste de Ier ministre. Le 11 mars, suite à une motion de censure votée contre cette dernière, c’est Mykola Azarov, fidèle du Président Ianoukovytch, qui devient Ier ministre. La cour constitutionnelle invalide la réforme adoptée pendant la Révolution orange qui faisait de l’Ukraine un régime parlementaire. L’essentiel des pouvoirs passe entre les mains du président.
2011 : Polémiques à propos de la construction d’un nouveau sarcophage autour du réacteur n°4 de Tchernobyl. Outre les problèmes de financement, des questions quant à la pérennité et à l’entretien de cette construction demeurent.