Depuis 30 ans l’île a obtenu d’importantes subventions qui lui ont permis de connaître une croissance élevée, tirée par une consommation forte, alimentée par le rattrapage des minima sociaux. Ce taux de croissance oscille entre 4 et 7%. Il s’agit d’une performance remarquable qui masque bien des réalités. Elle impliquait une transformation structurelle profonde de la société et de l’économie. Les décideurs politiques n’ont pas réussi ce pari, en dépit de cette “manne”…
Disposant d’un cadre institutionnel stable, démocratique (sous certaines réserves), de compétences élargies (pour le meilleur et le pire) La Réunion possède les clés de sa destiné. Le temps lui est de plus en plus compté pour développer un environnement relationnel régional, international, et trouver de nouvelles pistes de croissance et de développement pour l’après “canne à sucre”.
A court terme, les subventions vont cesser et le réveil risque d’être douloureux.
La Région Réunion inaugure son antenne économique à Maurice
Économie
Au sommaire : Agriculture – Pêche – Le secteur secondaire – Tourisme – Commerce – Artisanat – Emploi – Coopération régionale
Si la filière canne-sucre-rhum-bagasse demeure toujours aujourd’hui une activité essentielle, les activités de diversification connaissent désormais une croissance continue. En effet, le secteur des services prend une importance croissante, près des trois quarts de la population active travaillent désormais dans le tertiaire, notamment dans les services et le commerce. Les activités de diversification qui ont émergé ces dernières années dans le secteur agricole concernent la production légumière et fruitière, les cultures secondaires d’exportation (géranium, vanille, tabac…), la filière viande-lait. Au plan industriel, l’essor a surtout bénéficié aux industries agro-alimentaires et à la construction. Les activités dans ces secteurs bénéficient d’atouts incontestables : l’importance du marché intérieur, des soutiens publics importants dans le logement et, par le biais de programmes structurels, dans les travaux publics (routes, infrastructures…), une protection des productions locales contre la concurrence (octroi de mer). Le tourisme est en nette progression (un tourisme haut de gamme dans l’Ouest, un tourisme de découverte dans les Hauts, un tourisme populaire de clientèle locale). Enfin le secteur du haut tertiaire, notamment la vente de services au travers du développement des formations, l’ingénierie et les bureaux d’études, offre de fortes potentialités liées aux besoins de l’économie générale de la zone. Le PIB a évolué de 1.2% en 2011. On est très loin de la très forte croissance oscillant entre 5 et 7% qu’a connue la Réunion au cours des dernières décennies. Le PIB par habitant quand à lui reste encore à un niveau deux fois inférieur à son niveau moyen européen. Conséquence, le marché de l’emploi qui avait connu, au cours de la dernière décennie un essor important avec une croissance annuelle de 2.5% se traduisant par la création de 3 900 emplois nets a en 2013 augmenté que de 1.4%. Ces créations ne permettent donc pas d’absorber le flux des demandeurs d’emploi dont 56,2% des jeunes de 15 à 24 ans sont concernés. En effet, La Réunion voit l’offre d’emploi diminuée de 1.2% et compte ainsi en 2013, 163 460 chômeurs et 110 267 bénéficiaires du RSA. Par conséquent, 36,7% de la population réunionnaise est bénéficiaire de cette prestation soit près d’un réunionnais sur trois. Le montant de cette allocation représente pour le département à lui seul un montant de 529,9 millions d’euros. Cette évolution globale s’est accompagnée aussi de transferts d’effectifs profitant aux branches les plus porteuses du tertiaire et dans une moindre mesure de l’industrie. Les dépenses de l’Etat représentaient en 2013 5,55 milliards d’euros. En 2012, les dépenses de la Région Réunion s’élevaient à 766 millions d’euros dont 42% est allouée, soit 318 millions d’euros, à son fonctionnement. En 2012, la Région Réunion affiche un résultat d’exercice avant report déficitaire. Ce déficit s’établit à 61,2 millions d’euros, soit une hausse de 45 millions d’euros par rapport à 2011. Le résultat après report reste excédentaire à 157,7 millions d’euros, bien qu’il baisse de 28,0 % sur un an. L’Etat a octroyé 459 181 657 euros au Conseil général en 2013 dont les dépenses de fonctionnement représentent 85%. La Réunion est classée par l’Europe dans la catégorie des régions en retard de développement et bénéficie à ce titre d’un programme opérationnel de développement d’objectif N°1 (PDR III).
Agriculture
En 2010, 7620 exploitations agricoles sont implantées à la Réunion dont la surface agricole utilisée ne représente qu’un cinquième du territoire en 2010 contre 25% en 1989 (54,3% en métropole). La production agricole se partage en 3 postes d’importance économique comparable : – Canne à sucre et autres plantes industrielles, (134 millions d’euros en 2012) – Fruits et légumes, (147 millions d’euros en 2012) – Viandes et produits d’élevage (118 millions d’euros en 2012) La culture de la canne à sucre occupe une place prépondérante dans l’agriculture à la Réunion. Plus de la moitié de la surface agricole utilisée lui est consacrée, soit 23 400 hectares soit 60 % des terres cultivables. Les usines sucrières et les distilleries sur place transforment la récolte de cannes respectivement en sucre et en rhum. La production de sucre est de l’ordre de 200.000 tonnes. Après un doublement en 1993, la production de rhum de la Réunion atteint en 2000, 80 800 hectolitre d’alcool pur (HAP). Les exportations de sucre ont représenté 77 millions d’euros en 2012 soit 40% des exportations de produits alimentaires. Les autres productions agricoles traditionnelles sont la vanille, les essences à parfum (géranium, vetyver, ylang-ylang). L’importance économique de ces cultures traditionnelles régresse inexorablement depuis de nombreuses années. A côté de cette filière, on assiste depuis 20 ans à une diversification des productions, notamment l’élevage, les cultures hors sol et le maraîchage. Les filières animales, notamment porcine et avicole, marquent la réussite du mouvement coopératif réunionnais. L’élevage s’est développé et a fourni en 2013, 180 968 hl de lait (80.000hl en 1992), 12 169 tonnes de viande porcine et 1 768 tonnes de viande bovine, en 2012. Son développement se poursuit grâce à une politique de pâturages en altitude, et notamment au programme d’aménagement des Hauts de la Réunion où réside un cinquième de la population de l’île et où les activités agricoles, pastorales et forestières se multiplient.
Pêche
Encore très marginale en 1980, cette activité en mutation permanente s’affirme et se modernise. – la pêche artisanale : – avec la petite pêche (sorties inférieures à 24 h) représentait en 2011 l’activité la plus importante avec 191 navires et 255 marins. (37% du chiffre d’affaires). – la pêche côtière et pêche au large : 23 navires, 262 marins – espadon (64% de leur chiffre d’affaires). – et la pêche au large dite industrielle : 7 navires, 282 marins français, 60 millions d’€ de CA dont la légine. La SAPMER a réalisé en 2013, 91,6 millions d’euros de chiffre d’affaire. – Deuxième produit d’exportation (après le sucre, le rhum et les essences à parfum), la pêche a représenté 66 millions d’euros d’exportations et des prises de 4 800 tonnes en 1995, de 7550 tonnes en 2000. La pêche artisanale côtière est faible en raison de l’absence de plateau continental autour de l’île. En revanche, la pêche industrielle au large, notamment celle de la langouste aux abords des îles Saint-Paul et Amsterdam, ainsi que la pêche industrielle, pratiquée actuellement par trois armements basés à la Réunion participent au redéploiement de l’activité sur la zone de Kerguelen, dont la Réunion constitue la base arrière. La pêche australe représentait donc en juin 2012, 30,1 millions d’euros. La Réunion a également une activité d’entreposage de poissons (thons et autres espèces) s’adressant notamment à la pêche thonière des palangriers asiatiques.
Le secteur secondaire
Le secteur industriel réunionnais se caractérise par : – Une industrie agroalimentaire est en position de leader avec 60% du chiffre d’affaires agroalimentaire des Dom et la moitié de la main-d’œuvre consacrée à ce secteur. L’agroalimentaire réunionnais est le premier secteur industriel de l’île, avec 38% du chiffre d’affaires soit 1 028 millions d’euros et 32% des emplois. . Elle se compose principalement de l’industrie sucrière et l’industrie de la viande et du lait. – Une industrie manufacturière qui regroupe plus des trois quarts des entreprises industrielles et représente 51 % du chiffre d’affaires global. Elle se compose des entreprises des biens intermédiaires, des biens d’équipement et des biens de consommation courante. En 2010, le chiffre d’affaire du secteur industriel a représenté 1 161 millions d’euros.
Le tourisme
Le secteur du tourisme participe pour une part croissante à l’activité économique de la Réunion. Au premier semestre 2013, 190 000 touristes ont visité La Réunion, soit un niveau proche de 2009, mais en retrait de 10 % par rapport au 1er semestre 2012. Elle reste toutefois l’activité « leader » de l’Ile. La Réunion dispose schématiquement de trois bassins d’implantations d’hôtels: – La région de Saint-Denis accueille principalement la clientèle de tourisme d’affaires: 55,9% (des nuitées) – La région de l’Ouest, tournée vers le tourisme balnéaire (62,7% des nuitées) – Les régions des Hauts et du Sud a une forte offre de gîtes ruraux caractérisées par une infrastructure hôtelière de faible densité et des hôtels de petite taille, vers lesquels se tournent les touristes et les résidents (48,4% des nuitées). En 2014, La Réunion disposait de 59 hôtels et résidences de tourisme classés offrant une capacité d’accueil de 2.850 chambres.
En complément des hôtels classés, il existe aussi deux villages-vacances (700 lits) auxquels s’ajoutent des hôtels ou résidences non classés (1.500 lits). Les hébergements en gîtes ruraux, d’étapes, de montagne, en chambres d’hôtes et en meublés approchent des 700 établissements pour 2.800 lits. Cette offre d’hébergement est majoritairement présente dans le Sud et les Hauts. Les quatre principaux ports de plaisance accueillent plus de 1.200 bateaux qui permettent le séjour et les activités nautiques. La Réunion a accueilli 432 000 touristes en 2013, soit une fréquentation en hausse de 1,4 % pour une recette de 349,50 millions d’euros qui en fait « l’activité leader » de l’île. Ce département dispose, il est vrai, d’un potentiel touristique très varié entre activités sportives et nautiques (dont la pêche au gros), les aéroclubs, les séjours en montagne dans les gîtes de la région des Hauts de La Réunion, la visite des cirques formés dans les cratères des volcans éteints et le volcan du Piton de la Fournaise (2.631 mètres). La multiplicité des cuisines locales (chinoise, créole, indienne et française) proposées par les restaurants de l’île est un agrément supplémentaire qui n’échappe pas aux visiteurs.
En savoir plus : Comité du tourisme de La Réunion www.reunion.fr
Le Tourisme figure parmi les nouveaux moteurs de la croissance économique de la Réunion. Il constitue pour l’île l’activité offrant un fort potentiel de création de valeur ajoutée et d’emplois, produisant de surcroît des effets d’entraînement significatifs sur les autres secteurs économiques, le développement local et la mise en valeur du territoire.
Les nombreux atouts touristiques dont bénéficie la Réunion ont conduit les acteurs locaux à fixer à travers le « Schéma de Développement et d’Aménagement Touristique de la Réunion » (SDATR), les orientations stratégiques de développement de la destination Réunion.
La réussite du développement touristique implique d’agir sur :
- la politique marketing de la destination Réunion afin de :
- diversifier des clientèles extérieures, en ciblant notamment des niches de clientèles sur les marchés extérieurs identifiés comme prioritaires au SDATR (Allemagne, Suisse, Belgique) et ceux ayant une desserte aérienne directe avec la destination Réunion. Développer la programmation auprès des prescripteurs (TO) et de leurs réseaux de commercialisation.
- conforter le marché métropolitain par la promotion et la mise en marché de nouveaux produits et renforcer les approches géographiques et la segmentation des clientèles.
- accroître la consommation touristique locale par le développement et la promotion d’offres spécifiques en faveur de la clientèle résidente
-
- évaluer et suivre l’évolution des retombées du tourisme sur l’économie réunionnaise
- améliorer la connaissance des marchés et les prévisions de l’activité touristique
- anticiper les évolutions rapides du secteur et adapter la stratégie marketing
- disposer d’éléments d’appréciation sur l’adéquation entre l’offre et la demande l’amélioration de la veille et l’observation touristique afin de :
Commerce
Le commerce se positionne comme le premier secteur d’activité économique du département devant les services marchands. Au cours des dernières années, l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, favorisée pour l’essentiel par le rattrapage progressif et rapide du salaire minimum de croissance des départements d’outre-mer sur celui de la métropole, a pleinement bénéficié aux entreprises commerciales et plus particulièrement aux grandes et moyennes surfaces.
Artisanat
34 % des entreprises réunionnaises et 15 % de la population active ayant un emploi dans le département travaillent dans le secteur artisanal.
Emploi
Avec une population totale estimée à 843 617 habitants en 2015, dont près de 32,2% ont moins de vingt ans, la croissance démographique de la Réunion apparaît quatre fois supérieure à celle observée en métropole. Ce phénomène se conjugue à la modification des comportements sociaux, comme le développement du travail féminin, qui entraîne une forte progression de la population active du département. Celle-ci a une influence déterminante sur le niveau du chômage dans la mesure où la demande de travail des générations nombreuses qui arrivent sur le marché de l’emploi ne peut être totalement satisfaite en dépit d’un tissu économique en expansion. L’emploi constitue l’enjeu essentiel du développement économique de l’île. Cette analyse confirme la nécessité de concrétiser de façon plus volontaire la proposition formulée début 1992 de favoriser la création de nouvelles activités tournées vers l’export. Il s’agit aujourd’hui de renforcer la politique d’ouverture de l’économie initiée en 1994. Signe encourageant toutefois, le chômage se stabilise au taux de 29%. Selon les estimations d’emploi réalisées par l’Insee, le nombre d’emplois total à La Réunion s’élève à 250 127 au 31 décembre 2012. L’économie réunionnaise a créé environ 3 900 emplois nets en 2013, contre 3 100 créés en 2012. Le taux d’emploi des 15 – 64 ans augmente de 0,3 point, à 44,0 %, la population totale correspondante ayant progressé à un rythme légèrement plus soutenu que celui du nombre d’actifs occupés. A titre de comparaison, le taux d’emploi est de 63,9 % en France métropolitaine.
En savoir plus : Institut d’émission des Départements d’Outre-Mer : IEDOM – Institut national de la statistique des études économiques : INSEE Coopération régionale
Dans ce domaine, l’Ile de la Réunion constitue un exemple original, puisqu’en effet la France a adhéré, il y a plus de quinze ans, à la Commission de l’Océan Indien, au titre de son département situé dans la zone Océan Indien. Cela se traduit par un dispositif spécifique qui résulte de la présence de la France au sein d’une organisation intergouvernementale d’Etats ACP. La coopération régionale est de nature à constituer un véritable atout, qu’il s’agisse du développement économique de la Réunion ou des relations diplomatiques de la France vis à vis des pays riverains de l’Océan Indien.
Repère économique
Données 2006: | |
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PIB par habitant | (PNB 2006):17 900 $ |
PIB par hab PPA | $13170 |
Répartition du PIB: | |
Primaire | 8% |
Secondaire | 19% |
Tertiaire | 73% |
Inflation | |
Invest.int. brut | |
IDE | |
Exportations | 0,298 Milliards de dollars |
Importations | -16,400 Milliards de dollars |
Ressources | pêche, terre arable, hydroélectricité |
Risque pays | 01-juin |
Notations BM |