Appréciation du risque et protection
Une croissance dynamique portée par la demande intérieure
En 2016, la croissance devrait conserver son dynamisme. La consommation des ménages restera la première contributrice, avec un emploi en progression et des revenus qui profiteront des augmentations salariales, de la faible inflation et, probablement, de plusieurs mesures fiscales. L’investissement pourrait légèrement décélérer. Les infrastructures pâtiront de la transition entre deux programmes européens de financement. Les entreprises pourraient modérer leurs dépenses dans l’attente de décisions relatives à la fiscalité et au crédit. Par contre, le logement profitera de la confiance des ménages et des faibles taux d’intérêt. Les exportations (automobiles, machines, électroménager, électronique grand public, agroalimentaire, meubles, navires, éléments pour la construction) devraient garder une bonne progression. Le ralentissement des marchés émergents sera contrebalancé par une croissance modérée en zone euro. L’appréciation du dollar par rapport au zloty favorisera les ventes en dehors de la zone euro. Toutefois, une incertitude existe quant aux exportations des trois usines Volkswagen qui assurent 1/3 de la production automobile locale. Le nombre de défaillances pourrait diminuer de 5% (après -8% en 2015), sauf dans quelques secteurs comme le transport routier et le négoce malmenés par les problèmes russes, la concurrence sud-est européenne et le raccourcissement des circuits de distribution.
Un relâchement de la politique économique se profile
Malgré une politique budgétaire accommodante depuis le début de la crise, la dette publique a crû modérément. Près des trois-quarts de l’encours sont libellés en zlotys. De plus, la dette nette ne représente qu’un quart du PIB. Néanmoins, son poids augmente légèrement chaque année. Un effort équivalant à 2% du PIB serait nécessaire pour amener le solde primaire (c’est-à-dire excluant les intérêts de la dette), actuellement de 1%, à un niveau permettant de la stabiliser. L’arrivée du nouveau gouvernement est susceptible de s’accompagner d’un relâchement. Parmi les promesses électorales figurent l’introduction d’une allocation à partir du second enfant dans les foyers modestes, le relèvement du seuil d’imposition des ménages, une baisse de la TVA, des aides pour la restructuration des mines déficitaires, l’annulation du relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite, l’abaissement du taux d’imposition des PME de 19 à 15% pour compenser l’introduction d’un salaire minimum. Il y a aussi le projet de conversion en zlotys des prêts immobiliers en francs suisses initié par le gouvernement précédent (environ 30% de l’encours de crédit aux ménages et 8% du PIB) dont une fraction du coût pourrait être supportée par l’Etat. Il est probable que seule une fraction de ces propositions sera mise en application dès 2016, la plupart intervenant en 2017. Le pays s’est doté de règles budgétaires strictes. Les marges de manœuvre sont limitées, dès lors que le pays ne veut pas retomber dans la procédure européenne pour déficit excessif dont il vient à peine de sortir. Afin de se donner les moyens, le gouvernement projette d’instaurer une taxe de 0,39% sur les actifs des banques, dont 60% détenus par des groupes étrangers, et une de 2% sur le chiffre d’affaires des magasins d’une surface supérieure à 250 m2. Malgré cela, le déficit devrait augmenter en 2017. De plus, il compte confier à la banque centrale la tâche de mettre en place des financements à taux zéro à destination des régions défavorisées et du secteur minier qui s’ajouteraient à ceux de trois banques publiques, le tout pouvant représenter 70% du PIB annuel au bout de six ans.
Des comptes extérieurs quasiment équilibrés
Les échanges de biens oscillent autour de l’équilibre. Ceux de services sont légèrement excédentaires (à hauteur d’environ 2% du PIB) grâce au tourisme et au transport international routier, tout comme les transferts du fait de la présence accrue de travailleurs polonais en Europe occidentale. Par contre, la balance des revenus est déficitaire. Il en résulte un léger déficit courant amplement financé par les fonds structurels européens, tandis que les nouveaux investissements directs étrangers apportent l’équivalant d’environ 2% du PIB venant alimenter un stock représentant la moitié du PIB, signe de l’imbrication du pays dans la chaîne de production européenne. La dette extérieure représente environ 70% du PIB. 43% du total correspondent à des engagements de l’Etat, 40% à des engagements des entreprises et le solde à ceux des banques vis-à-vis de leurs maisons-mères. Plus de la moitié est libellée en euros.
Retour des conservateurs populistes au pouvoir
Avec 235 sièges sur 460 à la Diète et 61 sur 100 au Sénat, la coalition contrôlée par le parti conservateur, populiste et eurosceptique Droit et justice (PiS), et dirigée par Jaroslaw Kaczynski, a remporté les élections législatives d’octobre 2015 face au parti libéral de centre-droit Plateforme civique (PO) au pouvoir depuis huit ans. La gauche n’est plus représentée. Le gouvernement de la première ministre Beate Szydlo peut compter sur le président issu de ses rangs. En outre, les deux chambres et le président remplaceront huit des dix membres du Comité de politique monétaire dont le mandat se termine en juin 2016. Cela facilitera l’inflexion de la politique économique. Cependant, le gouvernement ne dispose pas d’une majorité suffisante pour modifier la constitution et doit compter avec trois petits partis, dont un parti libéral détenant 8 sièges sans lesquels il ne dispose plus de la majorité.
Source : COFACE