Appréciation du risque et protection
Une croissance qui reste soutenue
La croissance devrait rester parmi les plus élevées de la zone euro en 2016, principalement tirée par les exportations liées au secteur financier. En dépit du nouveau taux de TVA, qui a augmenté de 15 à 17% depuis le 1er janvier 2015, la consommation devrait se maintenir à un niveau satisfaisant, soutenue par l’indexation des salaires au premier trimestre 2016. Si l’investissement privé devrait rester atone, compte tenu notamment de la faible utilisation des capacités de production, l’investissement public devrait poursuivre sa dynamique grâce à la mise en place de grands projets d’équipements. La stratégie de diversification du gouvernement devrait favoriser le développement de nouvelles industries (centres de traitement de données, entreprises innovantes) et contribuera à améliorer l’emploi des travailleurs peu qualifiés (logistique). En revanche, l’attractivité du pays pourrait éventuellement souffrir, à l’avenir, d’un réel processus d’harmonisation et de transparence financière au sein de l’Union européenne et de l’OCDE (Base Erosion and Profit Shifting project).
Du côté des prix, le dynamisme de la demande intérieure et la relative stabilisation du prix du pétrole devraient engendrer une hausse de l’inflation en 2016, qui sera supérieure à la moyenne de la zone euro.
Une économie centrée sur les services financiers
En 2016, malgré un déficit croissant des revenus des investissements, la balance courante demeurera excédentaire, reflétant principalement le poids des exportations de services. En effet, le Grand-Duché est le premier centre européen de fonds d’investissement, le principal centre de banques privées dans la zone euro et abrite de nombreuses sociétés de réassurance. L’attractivité luxembourgeoise a d’ailleurs conduit à l’établissement des sièges européens des six plus grandes banques chinoises. Alors que les services financiers jouent un rôle clé dans l’économie (plus de 30% du PIB), le processus d’harmonisation des normes financières au sein de l’Union européenne et au niveau international (échange automatique de données fiscales pour les particuliers au 1er janvier 2015 et fin du secret bancaire d’ici 2017) pourrait peser à court terme sur l’attractivité et la rentabilité du secteur financier luxembourgeois. Ce processus implique une réadaptation du secteur à un nouvel environnement réglementaire (Union Bancaire, Accords de Bâle III) qui devrait, à moyen terme, contribuer à renforcer la solidité de ce secteur. Par ailleurs, l’activité des fonds communs de placement devrait rester robuste. L’exposition au marché immobilier des banques positionnées sur le marché domestique reste toutefois à surveiller.
Un solde budgétaire amené à se consolider
Après avoir été à l’équilibre en 2015, les comptes publics devraient être légèrement excédentaires en 2016. D’une part, l’augmentation de 2 points de pourcentage du taux de TVA ainsi que l’introduction d’une contribution à l’éducation prélevée sur les revenus des ménages devraient compenser la réforme du régime de TVA européenne sur les services de commerce en ligne qui continuera de générer un manque à gagner pour les recettes fiscales. D’autre part, même si l’investissement public continuera d’occuper une part importante dans le budget de l’Etat, les dépenses devraient être contenues par les mesures de consolidation budgétaire pluriannuelles lancées dans le budget 2015 devant atteindre 1,5% du PIB en 2016. La dette publique devrait rester l’une des plus faibles d’Europe. Les principaux défis pour les finances publiques demeurent l’augmentation à venir (l’une des plus importantes de la zone euro) du coût du vieillissement des résidents et des travailleurs frontaliers ainsi que les mesures de normalisation des pratiques financières.
Une coalition tripartite stable à la tête du gouvernement
Après la chute du gouvernement conduit par Jean-Claude Juncker en juillet 2013, suite au départ des socialistes de la coalition, les élections anticipées ont conduit à la formation d’une nouvelle coalition regroupant pour la première fois libéraux, socialistes et Verts, dirigée par le libéral Xavier Bettel. La coalition au pouvoir a été fragilisée par le rejet massif le 7 juin des propositions de changements constitutionnels à travers les trois référendums dont la mesure principale était d’accorder le droit de vote aux élections nationales aux étrangers résidant au Luxembourg depuis plus de 10 ans. Cela ne remet pas en cause la stabilité du régime politique mais renforce le soutien pour le parti d’opposition (parti chrétien-social) et pourrait entraver la mise en place de futures réformes politiques, comme celle majeure du système financier qui nécessitent une approche consensuelle des partis.
Source : COFACE