Appréciation du risque et protection
Une croissance soutenue, portée par la demande intérieure et les exportations
Après avoir connu une forte accélération en 2015, la croissance devrait rester bien orientée en 2016, même si elle devrait diminuer quelque peu, reflétant des effets de base. Elle serait tirée par la consommation en lien avec la résorption du taux de chômage, qui devrait atteindre 8,7 % en 2017 contre 9,5 % en 2015, ainsi que par le dynamisme des salaires (le salaire minimum devrait être revalorisé de 50 centimes/heure) et les allégements fiscaux.
L’investissement devrait également jouer un rôle prépondérant dans la consolidation de la croissance et serait porté par l’investissement public dans le cadre du plan pluriannuel présenté par le gouvernement en septembre 2015 (Infrastructure and Capital Investment 2016-2021) et dont le coût devrait s’élever à 45 milliards de dollars, soit 3,5 % du PIB par an. Ces investissements devraient être réalisés dans les secteurs des transports, de l’éducation, de la santé, de l’immobilier et des énergies renouvelables, et devraient créer plus de 45000 emplois. L’attrait du pays auprès des entreprises multinationales (flexibilité de la main d’œuvre et environnement fiscal favorable) et la reprise du secteur de la construction devraient également soutenir l’investissement.
L’activité serait aussi portée par les performances à l’exportation, sous l’impulsion des secteurs de la pharmacie et des services financiers et informatiques. En effet, les ventes de services à l’étranger, en particulier, ont fortement augmenté, bénéficiant de gains de compétitivité et du dynamisme des demandes américaine et britannique.
L’inflation, étant demeurée faible en 2015, en raison de la baisse des prix de l’énergie et de la croissance modeste des salaires nominaux, devrait progresser en 2016. Son augmentation devrait se faire sous l’impulsion d’une demande domestique accrue et de l’arrêt de la baisse du prix de l’énergie.
Des comptes extérieurs toujours excédentaires et un déficit budgétaire sous contrôle
L’Irlande a renoué avec les excédents courants en 2010 grâce à la faiblesse des importations, dans un contexte de contraction de la demande intérieure, et à un regain de compétitivité-coût qui a soutenu les exportations. L’excédent du compte courant devrait demeurer élevé au regard du PIB en 2016. Le dynamisme des exportations devrait être porté non seulement par les firmes multinationales présentes sur le marché irlandais, mais également par les compagnies domestiques soutenues par un euro qui se déprécie modérément face au dollar et par un accès au financement plus aisé. Les ventes à l’étranger restent dominées par les entreprises à capitaux étrangers des secteurs de la haute technologie, des services financiers et de la chimie, ce dernier représentant près de 60% des exportations de biens. Ce regain en termes d’exportations devrait permettre de compenser la croissance des importations entraînée par le raffermissement de la demande intérieure, la hausse des royalties versées aux sociétés-mères et l’achat de produits chimiques intermédiaires.
Le pays a mis un terme, en décembre 2013, au plan de sauvetage international sans être contraint de recourir à une ligne de crédit de précaution. La politique budgétaire devrait être légèrement expansionniste en 2016 en raison de baisses d’impôts (un ensemble de réformes fiscales s’élevant à 600 millions d’euros a été présenté dans le projet de loi de finances de 2016) et d’une hausse plus forte que prévu des dépenses. Le ratio de la dette publique, qui a littéralement explosé ces dernières années en raison du renflouement du secteur bancaire et de la récession, demeure très élevé mais se résorbe progressivement. Les perspectives de viabilité de la dette se sont améliorées mais restent dépendantes de la capacité du pays à générer une croissance suffisante et des excédents budgétaires primaires.
Des tensions au sein de la coalition gouvernementale à l’approche des élections législatives
Après trois années d’austérité et en dépit des tensions internes, la coalition gouvernementale reste unie. En revanche, celle-ci a perdu en popularité, comme en témoigne l’effondrement du Labour (centre-gauche), l’une des deux composantes de la coalition, aux élections européennes et municipales de mai 2014. Toutefois, le gouvernement n’a pas connu de graves débordements sociaux et devrait être en mesure d’exercer la totalité de son mandat. En raison de la fragmentation politique du pays, le résultat des prochaines élections (avril 2016 au plus tard) pourrait contraindre le Fine Gael, donné vainqueur dans les sondages, à gouverner avec une coalition plus large que l’actuelle.
Par ailleurs, le pays ne devrait pas connaître de tensions sociales virulentes grâce au maintien du dialogue avec les syndicats, à la protection sociale, à la richesse accumulée durant les années de forte croissance et à l’émigration.
Enfin, l’Irlande demeure classée au-dessus de la moyenne européenne en termes de gouvernance, en se plaçant à la 17ème position sur 189 pays.
Source : Coface