Appréciation du risque & protection
Une économie fortement dépendante du tourisme
Le rythme de croissance des Maldives, fortement dépendant de la conjoncture mondiale, devrait rester dynamique en 2016. Résolument tournée vers l’industrie touristique (75% du PIB), l’économie va bénéficier de la reprise progressive de la croissance des pays européens et une expansion rapide du marché asiatique (la part des entrées de touristes chinois est passée de 6% à 31% entre 2008 et 2014). De plus, l’ouverture de nouveaux complexes et l’extension des capacités de l’aéroport de Malé devraient permettre de répondre à la tendance haussière observée en matière de flux de touristes. Par ailleurs, le caractère inélastique de la demande aux prix qui s’adresse aux Maldives devrait permettre une croissance de l’activité touristique malgré le plan de consolidation budgétaire réduisant les dépenses publiques. Des retombées positives sont donc attendues sur les secteurs connexes : construction, communication et pêche. D’autre part, les Maldives continueront de bénéficier du soutien des bailleurs de fonds internationaux, notamment de la Chine, pour le développement de l’archipel via des projets d’infrastructures et de tourisme.
Des déficits public et courant persistants
La situation financière de l’archipel reste profondément marquée par les conséquences du tsunami de 2004 et par les séquelles de la crise économique, rendant l’économie vulnérable à tout choc additionnel. Alors que les Maldives bénéficient des recettes fiscales les plus élevées d’Asie du sud, l’important déficit souligne les difficultés du gouvernement à contenir les dépenses publiques. En effet, l’augmentation de la masse salariale du secteur public et des dépenses sociales participent au déficit public persistant. Cependant, la mise en œuvre d’un programme de consolidation fiscale dans le budget 2015 comprend des mesures visant la soutenabilité budgétaire des Maldives à moyen terme. De plus, le déséquilibre public expose le système bancaire au risque souverain car une large partie du financement du déficit public a été réalisé au travers des banques. Les déficits chroniques placent la dette publique sur une dynamique ascendante qui atteint des niveaux inquiétants.
La révision des données statistiques suite aux recommandations du FMI a permis une réduction significative du déficit courant. Cependant, l’isolement géographique du pays le contraint toujours à importer massivement (énergie, produits alimentaires) et les transferts financiers des travailleurs étrangers aux Maldives vers leur pays d’origine maintiennent un déficit courant important. Ainsi, l’archipel a un besoin de financement externe significatif qui rend le pays dépendant du soutien des bailleurs de fonds internationaux. Le déficit courant, associé au niveau très bas des réserves de change, constitue une source majeure de risque de crise de change.
Une montée des tensions socio-politiques et un environnement des affaires difficile
Depuis l’élection en 2013 du Président Abdullah Yameen, demi-frère de l’ancien Président Gayoom (chef d’Etat de 1978 à 2008), la démocratie semble de plus en plus fragile. De nombreuses arrestations ont eu lieu comme la condamnation à 13 ans de prison de l’ancien président M. Nasheed, opposant notoire au président actuel, accusé de terrorisme ou celle du Premier ministre accusé de trahison après la tentative d’assassinat du Président fin septembre. Ces arrestations arbitraires ont entrainé de nombreuses manifestations citoyennes, fermement réprimées, et sont dénoncées par les observateurs internationaux soulignant l’atteinte aux droits civils et politiques des citoyens maldiviens par le gouvernement. De plus, l’islamisation du pays se renforce, les complexes touristiques étant jusqu’ici épargnés par les lois dictées par la religion d’Etat. Toutefois, une désaffection de l’archipel de la part des touristes n’est pas à exclure si la situation sécuritaire venait à se dégrader sous l’effet de l’intensification des mouvements islamistes extrémistes et d’une escalade des tensions sociales. Ces dernières risquent d’être renforcées par la mise en place d’une consolidation budgétaire car la dépendance des habitants aux aides de l’Etat (subventions, prestations sociales) est très importante.
En outre, l’archipel pâtit d’un climat des affaires dégradé. Il est en effet positionné au 128éme rang sur 189 au classement Doing Business 2016 de la Banque Mondiale (135éme rang sur le critère du règlement de l’insolvabilité). Toutefois, plusieurs réformes mises en place facilitant le paiement des impôts devraient participer à son amélioration.
Source : COFACE