Appréciation du risque & protection
Reprise progressive en 2016 si la situation sécuritaire restait inchangée
La guerre des 50 jours qui a opposé le Hamas à Israël a détruit une grande partie des infrastructures de la bande de Gaza et a eu de profondes répercussions sur l’économie des territoires palestiniens. Depuis le cessez le feu signé en septembre 2014, le chômage dans la bande de Gaza a atteint un niveau record avec près de 40 % de la population restée sans emploi. Les efforts de reconstruction qui auguraient une reprise rapide de l’activité ont progressé à un rythme lent. La fermeture de la frontière côté égyptien et la lente exécution du GRM sous l’égide des Nations Unies limite les efforts de reconstruction bien que la conférence du Caire ait permis de récolter 35 % des financements alloués par les donneurs internationaux à la reconstruction. La Cisjordanie dont l’activité représente 70 % du PIB des territoires, s’est montrée résiliente bien qu’elle soit restée sujette à la poursuite des restrictions israéliennes sur le commerce et le mouvement de personnes. La Cisjordanie qui subissait le contrecoup du ralentissement israélien bénéficierait d’une reprise des échanges avec Israël. En outre, le processus de reconstruction de Gaza devrait entrer dans sa phase de croisière. La reprise attendue en 2016 dépendra cependant du maintien du statuquo concernant l’esplanade des mosquées et de l’apaisement des tensions entre les communautés. Un regain de tensions succédant à la vague d’attaques aux couteaux observée depuis septembre 2015 pourrait au contraire limiter toute reprise en 2016 si elle donnait lieu à un renforcement des restrictions israéliennes ou au déclenchement d’un nouveau conflit. L’inflation devrait augmenter tout en restant modérée en 2016, après avoir diminué sous l’effet conjugué de la déflation israélienne et de la baisse du prix des matières premières au niveau mondial.
Situation financière toujours critique
L’Autorité palestinienne tente d’appliquer les mesures prévues par les plans triennaux de développement qui se succèdent depuis 2008 mais les finances publiques de l’autorité palestinienne restent dépendantes des relations entretenues avec le gouvernement israélien. En effet, Israël conserve un pouvoir discrétionnaire sur le transfert des taxes douanières qui représentent une part importante du budget palestinien. L’arrêt des versements pendant quatre mois des recettes douanières en 2015 a conduit à une quasi-crise des finances publiques de l’autorité palestinienne. Cette dernière a été évitée suite à arrêt du versement des salaires des fonctionnaires et un recours au financement bancaire.
L’élargissement de l’assiette fiscale et une collecte plus efficace des prélèvements obligatoires ont cependant permis une réduction du déséquilibre budgétaire. Ce rééquilibrage a permis à l’autorité palestinienne de contenir son déficit public dans un contexte de crise. Pour autant, le coût lié aux dépenses en électricité, en eau et en service sanitaire versées au gouvernement israélien a augmenté suite au paiement d’arriérés à l’entreprise israélienne d’électricité. La baisse de l’aide internationale destinée à la reconstruction de la bande de Gaza risquerait d’entrainer un accroissement du déficit public en 2016.
La dette publique palestinienne a dépassé le seuil des 40% du PIB en 2015. La moitié de la dette est composée d’arriérés auprès des entreprises publiques israéliennes (46%), le reste étant de la dette domestique majoritairement à court terme. La diminution des dons adressés à l’Autorité Palestinienne risquerait de provoquer une augmentation de l’endettement dans les années à venir en particulier si ses modes de financement restent inchangées.
Creusement du déficit du compte courant et ralentissement des transferts
Les comptes extérieurs restent dépendants de la conjoncture israélienne. En effet, les échanges avec Israël représentent 70 % des importations et 85 % des exportations. En outre, une part importante des palestiniens sont employés sur le territoire israélien ou sur des territoires sous contrôle israélien. Les revenus issus des travailleurs palestiniens en Israël ont représenté 10 % du PIB en 2014. Aussi, le ralentissement de l’économie israélienne en 2015 explique en grande partie l’accroissement du déficit du compte courant dans un contexte de baisse des prix des matières premières favorables aux territoires palestiniens. En 2016, les territoires palestiniens devraient profiter de la reprise israélienne mais un regain des tensions en Cisjordanie pourrait entrainer un renforcement du blocus en direction des territoires palestiniens contraignant la circulation des travailleurs palestiniens et une reprise des exportations. Par ailleurs, l’effet du ralentissement des pays de conseil du coopération du Golfe sur les transferts de la diaspora pénaliserait les comptes extérieurs.
Persistance de très fortes tensions internes et externes
Depuis le mois de septembre, on constate une recrudescence des tensions à Jérusalem-Est. Le partage des lieux saints entre les différentes communautés de foi est sujet à polémique et on observe la montée d’une vague de mécontentement côté palestinien. Un apaisement de la situation serait possible en 2016 si le statu quo concernant l’esplanade des Mosquées était maintenu mais l’escalade de violence observée depuis le début de la campagne d’attaques aux couteaux laisse entendre que ce scénario est peu probable. Par ailleurs, la démission du gouvernement d’union entre le Fatah et le Hamas en juin 2015 semble plonger les territoires palestiniens dans une nouvelle impasse politique. L’arrêt des négociations relatives au processus de paix avec le gouvernement israélien ainsi que le droitisation croissante de l’échiquier politique en Israël éloigne la perspective d’une entente à moyen terme. Enfin, les appels et les démarches au niveau international contre le processus de colonisation engagé par Israël après 1967 tendent à porter leurs fruits. L’autorité palestinienne a multiplié les déclarations de reconnaissance en 2014 et est depuis avril 2015 membre de la cours pénale internationale.