Appréciation du risque & protection
La baisse du prix des matières premières devrait peser sur la croissance
L’économie laotienne restera dynamique mais devrait souffrir de la contraction du prix des matières premières au premier rang desquelles les métaux. De plus, le secteur minier est pénalisé par un moratoire sur l’exploitation de nouvelles mines qui contraint les capacités de production. Néanmoins, la progression du secteur hydroélectrique devrait rester soutenue. Par ailleurs, en dépit de mesures de consolidation budgétaire, le développement des infrastructures se poursuit. Le pays, qui fait face à de très importantes lacunes en la matière, est engagé dans des projets visant à améliorer la connexion ferroviaire du pays avec la Thaïlande et la Chine. De plus, un cinquième aéroport doit être construit et le pays développe ses capacités hôtelières. Ainsi, la croissance des entrées de touristes devrait rester élevée notamment en provenance de Chine. L’origine des touristes restera très concentrée, 80% des touristes étant originaire de Thaïlande, de Chine ou du Vietnam. Le secteur agricole – peu moderne – restera dominant : il représente 25% du PIB et emploie plus de 70% de la population active.
Les exportations du pays devraient bénéficier de la reprise de l’activité en Thaïlande, principal partenaire commercial du pays. De plus, le Laos et Singapour négocient un accord avec la Malaisie et la Thaïlande qui devrait permettre la livraison d’électricité laotienne à Singapour qui cherche à diversifier ses ressources énergétiques.
Par ailleurs, la consommation des ménages devrait rester soutenue et bénéficiera de la progression du salaire minimum et de la forte baisse de l’inflation permise par la faiblesse des prix du pétrole et la modération des prix alimentaires.
Le pays continue de souffrir d’importantes fragilités mais le solde courant devrait bénéficier de la baisse du prix du pétrole
En dépit de la progression des exportations d’électricité et de produits miniers portée par des voisins dynamiques, le déficit courant est massif. En effet, le pays importe deux fois plus qu’il n’exporte. Les importations sont principalement des produits pétroliers et des biens d’équipement. Néanmoins, en 2016, le déficit commercial devrait se réduire en raison de la baisse du prix du pétrole et de la reprise de l’activité en Thaïlande. Par ailleurs, plusieurs projets hydro-électriques étant désormais terminés, la croissance des importations de bien d’équipements destinés à la construction devrait se tasser. Dans le même temps, la hausse du tourisme devrait permettre de compenser les rapatriements de dividendes des sociétés étrangères impliquées dans l’exploitation des ressources naturelles. Le pays reçoit également des transferts des travailleurs expatriés et de l’aide extérieure. Il devrait ainsi réussir à réduire légèrement le niveau de son déficit courant.
En outre, les IDE sont en plein essor en raison des grands projets initiés. Ils devraient encore progresser, l’environnement des affaires s’améliorant notamment grâce à l’accession du pays à l’OMC début 2013.
Néanmoins, l’endettement extérieur du pays est important et le pays est dépendant de ses voisins pour le financement de ses projets d’infrastructures. Les réserves de change restent insuffisantes, couvrant moins d’un mois d’importations et rendant le pays vulnérable à un choc externe.
En 2016, le déficit budgétaire et la dette publique – déjà à des niveaux élevés – continueront de progresser malgré les mesures de consolidations budgétaires entreprises par le gouvernement. En effet, les revenus publics miniers souffrent de la baisse des cours et la collecte de l’impôt est affectée par le niveau élevé de corruption. Néanmoins, un contrôle accru des dépenses des différentes entité est observé.
Enfin, le secteur bancaire reste fragile compte tenu du manque de supervision et d’une capitalisation insuffisante. Au regard de sa forte progression ces dernières années, le risque de crédit reste à surveiller.
Stabilité politique mais des défis majeurs en termes de développement
La présence d’un parti unique, le Parti Populaire Révolutionnaire Laotien (PPRL), d’inspiration communiste, assure la stabilité politique du pays. Néanmoins, le sous-développement du pays demeure malgré la forte croissance économique observée ces dernières années. Cette situation s’explique par l’avènement d’une économie fortement tournée vers le marché extérieur et favorisant les IDE (ce qui a permis au pays d’adhérer à l’OMC) mais qui profite peu à la population. Par ailleurs, il subsiste des lacunes importantes en termes de gouvernance, en témoigne le niveau élevé de la corruption.
Source : COFACE